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Le père Cotte et les épidémies

par Pr. Documentaliste

Il est reconnu que les variations météorologiques jouent un rôle non négligeable dans l’évolution des épidémies et en particulier des maladies infectieuses. Cette question ne date pas d’hier. Hippocrate le père de la médecine scientifique a posé ce principe : la santé de l’homme dépend aussi de son environnement climatique et géographique.

Le père Louis Cotte qui a résidé les dix dernières années de sa vie dans la cour inférieure de notre lycée est le père de la météorologie française. En 1774 il publie son Traité de Météorologie, ouvrage qu’il achève quatre années plus tard avec ses Mémoires sur la météorologie. « Aucune compagnie littéraire, dit-il n’a rendu autant de services à la météorologie que la Société royale de médecine de Paris ». Les conditions atmosphériques et autres faits climatiques sont en effet considérés comme des éléments importants de la compréhension des maladies, notamment des épidémies, et sont donc évoqués dans toute « topographie médicale ».

Employant « tous les moments de loisir qu’il peut dérober à des occupations plus sérieuses et plus importantes », le Père Cotte est chargé par la Société de médecine, de compiler et d’analyser les observations météorologiques qui arrivent de plus en plus nombreuses. Afin d’organiser ce vaste travail, il rédige et diffuse en 1781 un mémoire méthodologique et élabore les tableaux imprimés mensuels que rempliront les correspondants, « historiographes de la nature ». Les données attendues sont d’abord physiques, relevées trois fois par jour : température, pression, état du ciel, nombre de jours de pluie et quantité d’eau (et si possible évaporation), déclinaison de l’aiguille aimantée, vents dominants, météores (éclair, tonnerre, aurore boréale etc.)... Elles sont ensuite botaniques et agronomiques, et relèvent alors de la phénologie : calendrier des cultures, floraison, fructification ; et peuvent concerner plus largement la nature, les oiseaux, insectes et autres rongeurs. Elles sont enfin nosologiques et décrivent donc « les maladies régnantes parmi les hommes et les animaux ». Sa lecture du monde environnant est écologique au sens le plus large du terme

En effet, père Cotte, introduit des observations « botanico-météorologiques » : les phénomènes produits dans le ciel (les météores) « influent sur l’état des productions de la Terre » ... sur les grains, les fourrages, les arbres fruitiers, les oiseaux de passage, les insectes et les abeilles et sur le niveau des eaux Puis il poursuit avec des observations « médico-météorologiques », la médecine de son époque se situe encore dans le prolongement de l’antique théorie des humeurs reliées aux quatre éléments (chaud, froid, sec, humide). Il s’intéresse donc à la qualité de l’air et des eaux, des effets du climat et de la manière de vivre et leurs effets sur la santé des humains.

Montmorecy est à juste titre renommé pour son climat.
« On compte à Monmorenci, dit-il, environ mille ou onze cents habitants ; le nombre des enfants y est prodigieux ; il en meurt très peu, parce qu’il est rare que la petite vérole règne dans un pays (p.509) où l’air est si pur...C’est pour cela aussi que les maladies épidémiques y sont si rares. J’ai vu quelques villages situés dans la vallée, être affligés pendant plusieurs années de suite de ces sortes de maladies, sans qu’elles se fissent sentir à Montmorenci….

Pour l’année 1771 il note : « Nous n’avons point eu de maladies régnantes cet hiver, mais il y eu beaucoup de fièvres malignes et putrides dans nos environs. En Avril les fluxions de poitrine ont été ici fort communes par un temps sec t froid ; il en est mort peu de cette maladie ; mais la température du mois d’Avril a été funeste aux vieillards. Les enfants furent attaqués au mois de Mai de fièvres malignes et continues qui n’étaient point dangereuses. L’été et l’automne se sont passés sans maladies régnantes. L’été et l’automne se sont passés sans maladies régnantes. En Décembre il eut quelques malades de fièvres putrides, mais sans danger ; quelques enfants furent aussi attaqués dans le même temps d’une petite vérole bénigne qui n’en fut mourir aucun ». Cette année il eût 42 naissances et 45 sépultures.

De nos jours « Santé publique France s’applique à mieux connaître les impacts sanitaires des facteurs météorologiques et climatiques sur la santé, dans un but d’aide à la prévention et à la gestion des risques. C’est pourquoi nous collaborons étroitement avec le programme de préparation de la réponse aux catastrophes industrielles ou naturelles, et avec le volet air et santé. »

COTTE (Louis), Traité de météorologie, Paris 1774, pp. 388, 509, 509, 572.

PUEYO Guy, Les observations météorologiques des correspondants de Louis Cotte en Franche-Comté vers la fin du XVIIIe siècle, Bulletin de l’Académie Lorraine des Sciences, 2002, 41, p. 3-7

De la manière de résumer les Tables et Observations Météorologiques