La rénovation-restructuration du lycée Turgot par Anouk Legendre et Nicolas Desmazières (2002-2014) a posé de nombreux défis : il s’agissait de remodeler un site parcellaire situé au centre historique de la ville, s’ouvrant au sud vers une vue panoramique. Le lycée rénové devait « traduire l’histoire et la géographie du site tout en proposant une image sobre et contemporaine d’un équipement public voué à l’enseignement » Le projet de ce dialogue entre l’histoire et la modernité est mis en valeur « par une notion de contraste : sensitive entre histoire et modernité et formelle entre les contreforts du site et la ligne déployée dans le paysage ».
Mais laissons Anouk Legendre expliquer sa vision du projet :
C’est un site très romantique, qui comporte deux collines,
il avait un ancien château sur l’une de ces collines,
ces deux collines sont reliées par un pont.
D’un point de vue pédagogique et même existentiel
un élève est une personne qui a toute sa vie devant soi,
tout l’espace devant soi ce qui lui permet d’être
dans une disposition d’esprit très positive
et il me semble très propice pour les apprentissages.
Pour tirer parti de cette situation en belvédère
on va étirer la cour en porte-à-faux au dessus du mur d’enceinte ;
ensuite on va construire le bâtiment sous la cour en rampant dessus
et puis on va descendre pour aller dans les principaux espaces.
Dessus, dans la cour, on a un simple petit pavillon
qui est un belvédère sur le paysage avec le foyer des élèves et le hall.
On va en profiter pour sculpter la colline,
on va tendre les formes existantes
exprimer les murs de sous-bassement existants qui clôturent tout le site
en disposant à l’extrémité, à la pointe du site, les logements
qui forment des petits cubes posés en haut du mur
qui complètent la composition.
Les façades sont travaillées en lamelles de bois vertical
elles permettront d’avoir un effet cinétique
quant on tourne autour de ce bâtiment par le chemin d’enceinte.
C’est un site moyenâgeux, il paraît qu’il y a des souterrains...
et on a voulu tirer parti de cette originalité
pour en faire un caractère architectural.
Ainsi on rentre dans le nouveau bâtiment qu’on crée
par une forme en creux, quand on prend l’escalier ;
cette forme cruciforme va être travaillée plastiquement,
un peu en s’inspirant des coquillages
qui à l’extérieur sont assez neutres
et à l’intérieur sont colorés ou nacrés.
Ici on a une organisation en archipel,
où on a plusieurs cours successives
qui vont être en communication et
avec des passages par le petit pont
pour aller d’un endroit à l’autre
et l’ensemble fonctionne comme un jardin romantique,
cette promenade nous permettra aussi
d’aller voir la collégiale qui est juste à coté.
Région Ile-de-France, Construis-moi un lycée : La genèse du projet d’architecture, 21 projets présentés par leurs architectes, DVD (s.d.)