
Vendredi 6 juin 2025 M. Maxime Thory, maire de Montmorency et son adjoint à la Culture et au Patrimoine M. Éric Sauray ont inauguré la place Louis Cotte, prêtre oratorien et scientifique des Lumières. Cette place est attenante à la maison de Louis Cotte, qui se trouvait dans l’enceinte du Lycée Turgot actuel. De la part du Lycée Turgot, M. Zographos, professeur documentaliste, s’adressant aux élus et à l’assistance a présenté Louis Cotte :

Je suis reconnaissant envers notre Maire M Thory et M Sauret, Maire adjoint délégué à la culture et au patrimoine car ce jour vous réparez une injustice flagrante. Grace à vous, Louis Cotte ou le père Cotte est de retour à Montmorency. Mal aimé par les républicains en raison de son état de prêtre et rejeté par les catholiques en raison de son mariage, il fut oublié par les Montmorencéens, les Enghienois conservant quant à eux Boulevard Cotte. Pourtant son action à Montmorency fut bien plus importante et de bien plus longue durée qu’ à Enghien.
Il naît à Laon en 1740 au sein d’une famille bourgeoise, son père est notaire royal.
Il suit l’enseignement secondaire classique au collège St Nicolas de Soissons tenu par les oratoriens et il obtient son baccalauréat de philosophie en 1758 puis il postule pour entrer dans la congrégation de l’Oratoire. La congrégation dispose à Montmorency d’un séminaire pour des études courtes que fréquente Louis jusqu’ à 1762, année où il quitte Montmorency pour y retourner en 1764 comme prêtre vicaire de la paroisse de Montmorency. C’est cette même année qu’il découvre les eaux d’Enghien dont il ne tirera aucun profit.
Louis est attiré d’abord par la physique mais sous l’impulsion de Duhamel du Monceau il découvrira la météorologie, science naissante. Bien vite il se procure les instruments indispensables pour installer sur la terrasse du presbytère un poste d’observation pour relever la température, l’humidité, la pression, la pluie et le vent.
En 1774 il publie le Traité de météorologie, ouvrage reconnu aussitôt par ses pairs. Entre temps il est nommé curé de Montmorency et en 1780 supérieur de l’Oratoire de Montmorency.
En 1776 la Commission des épidémies devenue deux ans plus tard Société Royale de médecine constitue à travers le royaume et outre-mer un réseau de correspondants météorologistes. Louis Cotte est chargé par la Société de médecine, dont il est membre, de compiler et d’analyser les observations météorologiques qui arrivent de plus en plus nombreuses.
En 1781 il rédige un mémoire méthodologique destiné aux correspondants qu’il appelle « historiographes de la nature ». Les données attendues sont d’abord physiques mais aussi botaniques et agronomiques, démographiques, mais aussi le calendrier des cultures, la floraison, la fructification etc. En effet les conditions atmosphériques et climatiques sont considérées à cette époque, comme des éléments importants de la compréhension des épidémies et sont évoquées dans la Topographie médicale de Montmorency qu’il publie en 1779.
La principale difficulté à laquelle il se heurte, concerne la fiabilité des mesures en raison de la diversité et l’hétérogénéité des instruments de mesure.
En 1784 il quitte Montmorency et est nommé chanoine de la Cathédrale de Laon. En 1785 il édite ses Leçons élémentaires de physique d’astronomie et de météorologie à l’usage des enfants. En 1788 apparaissent les Mémoires sur la Météorologie, œuvre maîtresse qui lui survivra.
En 1789 après la dissolution de l’évêché de Laon, il revient à Montmorency où il rédige les Leçons d’agriculture à l’’usage des enfants et l’année suivante le Catéchisme à l’usage des habitants de la campagne sur les dangers auxquels leur santé et leur vie sont exposées.
En 1791, il prête serment à la Constitution civile du clergé. Son inclination vers le jansénisme et le Gallicanisme pourrait expliquer ce choix. En 1795, il quitte la soutane pour se marier. De 1795 à 1805 il est conservateur en chef de la bibliothèque du Panthéon (aujourd’hui Bibliothèque Sainte Geneviève)
En 1805, à la mort de sa femme, il revient à Montmorency. Les habitants sont heureux de son retour, Il meurt en octobre 1815 à Montmorency. Il a fait partie de 17 sociétés savantes , il laisse 40 ouvrages et 100 articles.
Cependant Louis Cotte était conscient que cette nouvelle science avait ses limites. Il écrivait : « .. le peu de résultats utiles que la météorologie nous a fournis depuis qu’on cultive cette science avec soin, sont bien propres à nous encourager et à nous faire espérer que tôt ou tard on en retirera des avantages réels. Qu’importe que ces avantages soient réservées à des générations futures. Un vrai savant ne borne pas ses travaux au temps présent, il travaille pour la société entière et ... il étend ses vues au-delà de son siècle ».
Dans la notice biographique publiée juste après sa mort dans les Mémoires d’agriculture d’économie rurale et domestique de la Société Royale et centrale d’agriculture, nous lisons :
« Toute sa vie il a œuvré pour l’instruction de ses contemporains et surtout de l’éducation de la jeunesse. ...Il voyait peu de monde et ne cherchait aucune place, ne demandait aucune faveur...Pendant cinquante années consécutives Il a noté trois ou quatre observations météorologiques par jour très détaillées… Mis à part la météorologie ses publications portent sur l’astronomie, la mécanique et même la meunerie, la boulangerie, ou le comportement animal… M Cotte voulait toujours voir dans ses ouvrages une application prochaine ou éloignée, utile aux habitants des campagnes… il s’est occupé avec succès de l’éducation des abeilles, il a répété à Montmorency des expériences sur la chaulage des blés et d’autres expériences sur la végétation du blé dans diverses espèces de terres… il a suivi pendant plusieurs années la culture comparée de vingt-cinq espèces de vignes… Arrivé à un âge avancé son travail en cabinet n’avait point altéré sa constitution. Il vivait ignoré à Montmorency et il ne voyait que les infortunés qu’il secourait à son domicile et ceux qu’il avait recueillis chez lui. On n’entendait parler de lui que lorsqu’il publiait des ouvrages… qui étaient pour lui un moyen de servir la classe peu fortunée des habitants des campagnes et surtout ceux des environs de Montmorency qu’il affectionnait particulièrement. »

Dans la suite de Louis Cotte notre lycée s’est engagé dans le développement durable et la création d’ un jardin pédagogique médiéval.
Louis Cotte fut un homme complet par son engagement auprès des hommes et de la science. Sa vision de la science était écologique et systémique. J’espère que cette commémoration pourrait en initier d’autres d’une plus grande envergure. Par exemple , en raison de son engagement pour l’éducation des enfants, un établissement scolaire de notre ville de Montmorency pourrait recevoir son nom.
